Né en 1998, vit et travaille à Marseille

L’œuvre de Zine Andrieu dépeint des chocs culturels au travers d’installations, d’objets, de performances, de vidéos, de pièces sonores, ou encore d’environnements en 3D qu’il réalise entièrement lui-même. Représenter la réalité des quartiers populaires, au sein de la culture supposée « légitime » que produit l’art contemporain, lui est vite apparue comme une porte, certes d’émancipation, mais qui peut aussi s’avérer dangereuse tant la compromission de soi semble inéluctable. Au sein de mondes mêlant documentaire, fantastique et fiction d’anticipation, il s’attache ainsi à créer des œuvres qui racontent des vécus, des ambitions et des trajectoires de son entourage, tout en cherchant à interroger constamment sa pudeur et celle de sa communauté, pour ne donner ni trop ni tout aux personnes qui les observent lointainement.

Née en 1996, vit et travaille entre Marseille et Paris
L’œuvre picturale et graphique de Neïla Czermak Ichti décrit les siens, sa famille, et les ami·es qui l’entourent. Elle mêle ces présences intimes à des aliens, vampires, sphinges et esprits empruntés aux croyances ancestrales et à la pop culture des films horrifiques et fantastiques. Elle crée ainsi un ensemble d’alter egos monstrueux et amicaux, dans un univers surnaturel mais empli de quiétude, où ces êtres hybrides peuvent être eux-mêmes. Ses œuvres – de dessins intimes au stylo Bic à de grandes toiles en drap de coton suspendues, en passant par des peintures réalisées sur des objets du quotidien – expriment la force surnaturelle de la nuit et son feu intérieur par le contraste électrique de plages sombres et de rehaussements aux couleurs acidulées. Celle qui aime à rappeler que son prénom à l’envers signifie « alien » transmet son amour pour sa famille, héréditaire et de cœur, peuplée d’ami·es et de personnages fictionnels, acolytes de ses vies réelles et rêvées.

Né en 1992, vit et travaille à Neuilly-Plaisance

Ndayé Kouagou est artiste et performeur. Son travail s’articule autour de textes dont il est l’auteur, imprimés à l’échelle des murs, affichés sur des supports accrochés ou suspendus, diffusés en vidéo ou performés en live. Avec une composition musicale ou sous la forme de monologues, l’artiste multiplie dans ses performances les façons de s’adresser au public. Feignant la naïveté et la confusion, il exprime ses réflexions intimes sur des sujets tels que la liberté, l’amour, la quête identitaire ou l’ouverture d’esprit. Si les questionnements qu’il dévoile dans ses œuvres sont personnels, ils entrent aisément en résonance chez le public et acquièrent un caractère universel.

Né en 1993, vit et travaille à Asnières-sur-Seine et Pantin

À la fois anthropologique, documentaire et intime, le travail du vidéaste Rayane Mcirdi donne la parole aux voix souvent inaudibles des habitant·es des quartiers populaires, en particulier d’Asnières-sur-Seine, ville où il est né et a grandi. Les témoignages compilés ne sont jamais altérés, coupés ou censurés. En mettant généralement en scène ses proches et des membres de sa famille, l’artiste restitue ces histoires dans leur intégralité la plus brute, peu importe qu’elles soient anodines, quotidiennes, drôles, maladroites, politiquement sensibles ou magnifiques. Captées de l’intérieur, les scènes de son cousin jouant à la console, de jeunes réunis autour d’une chicha sur un toit, ou de ses tantes discutant dans un parc, font œuvre et intègrent la sphère de l’art, du récit public et de la mémoire collective. Au fil de ses vidéos, il élabore ainsi une archive d’histoires souvent amenées à être oubliées, qui forment une narration alternative de la vie en banlieue parisienne, fondée sur l’expérience intime et subjective.

Né en 1996, vit et travaille entre Champigny-sur-Marne, Paris et Marseille

Ibrahim Meïté Sikely développe une œuvre picturale fulgurante, qui bouscule les codes et les attendus. Elle prend la forme d’une revanche sur l’existence, en transformant ses proches et lui-même en nouveaux héros de la peinture. Il croise dans ses tableaux la symbolique des peintures romantiques et réalistes du 19e siècle, puisant dans l’héritage de Géricault, Delacroix, Courbet ou Goya, des influences issues de la peinture afro-américaine et sino-américaine, comme Henri Taylor et Martin Wong, ainsi que des références allant des jeux vidéo à l’âge de bronze des comics, jusqu’aux mangas tels que Akira, Gantz, Berserk ou Dragon Ball. Le vocabulaire formel et les thématiques qu’il explore sont également issus de son vécu, notamment de sa jeunesse passée entre Marseille, Pantin et Champigny-sur-Marne, ce qui se traduit par de nombreuses œuvres le mettant en scène avec des personnes de son entourage. Son travail pictural fonctionne comme des allégories, avec la juxtaposition de récits de résistance aux côtés de scènes de quiétude et d’intimité.

Né en 1991, vit et travaille entre Francfort, Paris et Angers

Cinéaste de la disparition, Valentin Noujaïm met en scène des contes politiques et fantastiques. Ses recherches s’articulent autour de trois axes principaux : les vies improvisées, les vies compressées, les vies disparues. Ses univers étranges et merveilleux sont nourris par l’aspect expérimental du format de ses films, mélangeant archives, Digital Video, 8 mm, numérique et effets spéciaux. Dans ses mondes fantasmés, les héros sont généralement des personnages considérés comme marginaux dans nos sociétés contemporaines. Ils explorent amour et révolution, parfois l’amour révolutionnaire ou l’amour de la révolution. Animé par des questions sociales et par les rapports de domination qui opèrent dans notre société, l’artiste propose d’explorer d’autres paradigmes et utopies au travers d’espaces-temps différents.

Née en 1992, vit et travaille à Paris et Pantin

Christelle Oyiri, aussi connue sous le nom de Crystallmess, est à la fois DJ, compositrice, écrivaine, performeuse et artiste visuelle. Soucieuse de mettre en lumière les sub-cultures passées et présentes, son œuvre réunit mémoires personnelles et collectives pour lutter contre l’oubli de savoirs, croyances, pratiques et spiritualités, grâce à l’expérience artistique. Ses axes de recherche sont la généalogie, la fabrication de l’archive, l’hantologie, ainsi que les iconographies et mythologies oubliées, méconnues ou marginales, généralement natives d’internet ou des quartiers populaires. Au fil de ses projets qui prennent la forme d’enquêtes mêlant film, musique et performance, elle a ainsi été amenée à mettre en lumière l’histoire oubliée du logobi, une danse afro-française urbaine du milieu des années 2000 fusionnant techno hardcore et coupé décalé, ou encore les liens entre musique, spiritualité et afrofuturisme à la lueur de ses origines guadeloupéennes et ivoiriennes.

Né en 1994, vit et travaille à Paris et Vitry-sur-Seine

Lassana Sarre est un peintre portraitiste dont l’œuvre mêle ami·es proches, autoportraits et figures historiques. Dans des espaces épurés, il intègre des images fortes en référence à sa vie personnelle comme la mairie de Vitry-sur-Seine, ville où il a grandi, ou bien des textes et images publicitaires glanés lors d’un voyage au Mali. Ce faisant, il interroge les processus d’ascension sociale et d’injustice qu’il a vécus tout en proposant une recontextualisation française des figures noires. Son œuvre cherche également à établir un autre cadre de référence affranchi des diktats du canon traditionnel européen. Ses toiles, souvent de grand format, sont régies par un principe d’inachèvement entre pudeur et incertitude, qui permet aux symboliques de ne pas gouverner la toile mais de l’infiltrer avec subtilité, tout en renforçant par un contraste pictural le regard frontal des figures auxquelles il rend hommage.

Née en 1996, vit et travaille à Pantin et au Pré Saint-Gervais

Le travail de Silina Syan propose des réflexions sur la notion d’hybridité culturelle, de transmission intergénérationnelle, et interroge le confus sentiment d’ « entre-deux ». Sa pratique est autobiographique, liée à ses différentes origines – bengalie, arménienne et française –, à ses souvenirs d’enfance, mais se déploie plus largement en questionnant son lien avec les différentes communautés qu’elle côtoie, et dont certaines sont encore peu visibles dans la création contemporaine, en documentant leurs vécus et leurs préoccupations. Sa pratique transdisciplinaire mélange portrait photographique, documentaire et vidéo. Son univers artistique est peuplé d’éléments kitsch et populaires, surchargé d’objets et saturé de couleurs vives. Ses œuvres construisent ainsi un récit fantasmé et une nouvelle mythologie des migrations et de l’entre-deux culturel.

Né en 1992, vit et travaille à Pantin

Seumboy Vrainom :€ est artiste et militant. Son travail se confronte à l’héritage colonial français au travers de vidéos pédagogiques sur sa chaîne Histoires Crépues créée en 2020 et disponibles sur les principales plateformes, de vidéos artistiques et de conférences-performances présentées selon une esthétique DIY et inspirée du flux d’images d’internet, d’archives et de jeux vidéo. En faisant de l’espace numérique son univers de naissance, il se définit comme un militant hors-sol et élabore une œuvre percutante, qui met en lumière les rapports persistants de domination raciste, coloniale et destructrice du monde dans lequel nous vivons. En 2023, il initie un travail de génération d’images par intelligence artificielle, afin de proposer de nouvelles lectures de l’histoire coloniale et migratoire française. Ces images s’intègrent à une saga multimédia plus vaste initiée par l’artiste en 2022, intitulée Chroniques du Grand SEUM.

Né en 1995, vit et travaille à Paris et Pantin

Horya Makhlouf est critique d’art et co-fondatrice du collectif et de la revue en ligne Jeunes Critiques d’Art, créés en 2016. Diplômée de l’École du Louvre après quelques années passées en classe préparatoire aux grandes écoles, elle croit en la capacité émancipatrice des arts dans la société et aime croiser dans la critique différentes approches, empruntées à l’histoire de l’art ou aux sciences sociales. Ces dernières années, elle s’intéresse en particulier aux notions d’archive et d’écriture de l’histoire, de représentation, et au rôle des institutions dans la promotion des pratiques contemporaines. Elle collabore régulièrement avec les revues spécialisées Zérodeux et Diptyk, intervient dans le volet arts visuels du podcast « L’esprit critique » de Mediapart, collabore au podcast « Verni·es » de PROJETS et a co- fondé le podcast « Le Croissant de feu » avec les artistes Seumboy Vrainom :€ et Rayane Mcirdi.

Pour « Après l’Éclipse », Horya Makhlouf a été invitée à mettre en récit l’exposition, avec l’écriture d’une fable. Vous pouvez la retrouver sous la forme d’une publication dans l’exposition, ou sous la forme d’un podcast dans lequel l’autrice lit son texte, à écouter avant, pendant ou après votre visite.