Jeanne Vicerial : Clinique vestimentaire

16 octobre — 14 novembre 2021
Exposition
Après l'artiste de musique électronique Thylacine en 2019, c'est au tour de l’artiste et chercheuse Jeanne Vicerial de prendre possession des Magasins Généraux pour une exposition-résidence intitulée « Clinique vestimentaire ».

L'exposition-résidence

Commissariat : Anna Labouze & Keimis Henni

Pour cette première présentation personnelle de son travail, l’artiste et chercheuse Jeanne Vicerial prend possession des Magasins Généraux pour y implanter « Clinique vestimentaire », un immense laboratoire dédié au futur du vêtement et du corps. À la croisée du design, de l’artisanat, de la mode, de l’art et des sciences, elle y présente ses dernières recherches et créations, ainsi qu’un programme de performances, d’ateliers, de rencontres et un colloque. Elle continue également de créer sur place, initiant dans cet atelier éphémère de nouveaux projets et de nouvelles collaborations.

Cet événement s’inscrit dans le cadre de la restitution des recherches menées par Jeanne Vicerial durant sa thèse de doctorat SACRe-PSL (Sciences, Arts, Création, Recherche) dans le groupe de recherche Soft Matters à l'EnsadLab, le laboratoire de recherche de l'École des Arts Décoratifs de Paris (2015-2019) et lors de sa résidence à l'Académie de France à Rome – Villa Médicis (2019-2020).

Collaborations artistiques :
Wendy Andreu
 (textile) — Nicolas Beaulieu | IFF (parfum) — Regina Demina (performance) Leslie Moquin (photographie) — Marco Paltrinieri (son) — Rosalie Pericaud (structure en fer) — Joseph Schiano di Lombo et Variéras (son, performance et installation) — Nadine Schütz (performance) — Hugo Servanin (sculpture)

Le mot des commissaires

Jeanne Vicerial pense ses pièces vestimentaires comme des sculptures, les transformant en figures féminines étranges, oniriques et quasi-fantomatiques.
— Anna Labouze & Keimis Henni

Cette exposition-résidence, qui constitue la première présentation personnelle de Jeanne Vicerial, tend à revenir sur les six dernières années de son parcours. Elle a pour point de départ son projet de diplôme à l’École des Arts Décoratifs en 2015 et la naissance de Clinique vestimentaire, le laboratoire de recherche et de création dédié au futur du vêtement et du corps qu’elle a fondé.

En découle un ensemble de pièces textiles, d’installations, de dessins, de photographies et de vidéos. Elles retracent ses années de thèse – notamment la création avec des étudiants des MINES ParisTech d’une machine permettant le tissage semi-automatique de vêtements sur-mesure avec un fil unique, en imitant la trame des tissus musculaires humains –, son séjour à la Villa Médicis, et ses premières et nombreuses collaborations artistiques, avec des photographes, sculpteurs, chorégraphes, musiciens et parfumeurs. L’exposition comprend enfin des créations récentes et inédites, pensées spécialement pour l’occasion, une composition sonore originale et un parfum.

Les différents projets présentés mettent en scène les recherches de l’artiste – qui explorent l’histoire du vêtement en soulignant les dérives de la mode contemporaine, ainsi que les liens entre artisanat, anatomie, chirurgie et création textile sur-mesure – et son esthétique si particulière. Jeanne Vicerial pense ses pièces vestimentaires comme des sculptures, les transformant en figures féminines étranges, oniriques et quasi-fantomatiques. Leur aura et leur pouvoir charismatique évoquent et questionnent les représentations du corps de la femme au fil de l’histoire de l’art occidentale : écorchées, guerrières, gorgones et divinités peuplent ainsi son univers et forment sa signature.

Pendant un mois, l’artiste est présente au sein de l’exposition avec l’ensemble de son atelier, son équipe, ses outils, ses matériaux, afin de créer sur place une nouvelle œuvre vestimentaire, de rencontrer le public, puis pour travailler avec plusieurs artistes qu’elle a souhaité inviter à participer à sa résidence. Elle a enfin pensé une programmation foisonnante de performances et d’expérimentations sonores, un colloque, des ateliers de création et un dispositif de médiation, afin de permettre au plus grand nombre de franchir les portes de la clinique.

À propos de Jeanne Vicerial, artiste et chercheuse

about picture

Née en 1991, Jeanne Vicerial se tourne dès l’adolescence vers la confection vestimentaire. Elle vit et travaille actuellement à Pantin.

Après des études de costumière au Lycée Paul Poiret et un Master en Design vêtement à l’École des Arts Décoratifs de Paris en 2015, Jeanne Vicerial engage un travail de recherche qui prend la forme d’une thèse de doctorat SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche) soutenue en 2019. Elle y questionne les moyens de conception vestimentaire contemporains, et propose une alternative à la dichotomie sur-mesure/prêt-à-porter liée au système de la “fast fashion”. Elle approfondit cette recherche par la mise au point, grâce à un partenariat avec le département de mécatronique des MINES ParisTech, d’un procédé robotique breveté permettant de produire des vêtements sur-mesure et sans chute.

Parallèlement, Jeanne Vicerial engage une démarche artistique qui la pousse à fonder, après un passage chez Hussein Chalayan, le studio de recherche et de création Clinique vestimentaire. Développant de nouveaux principes de conception textile, elle s’inspire principalement des fibres musculaires humaines afin de créer ses propres tissages, notamment avec l’invention de la technique du “tricotissage”.

Au-delà de ses créations personnelles, elle initie rapidement de nombreuses collaborations avec des artistes d’horizons divers : photographes, sculpteurs, performeurs, chorégraphes, musiciens, parfumeurs... Clinique vestimentaire est ainsi pensé par Jeanne Vicerial comme un laboratoire fluide et organique, où toutes les disciplines artistiques sont conviées autour d’une recherche totale sur le corps, le vêtement et la mode.

Pensionnaire à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis en 2019- 2020, ses créations ont notamment été exposées au Palais de Tokyo à Paris (2018) à Rome (Villa Médicis et Palais Farnèse, 2020), à la Collection Lambert en Avignon (2021) et ont récemment intégré la collection du Cnap (Centre national des arts plastiques). Son statut d’artiste-chercheuse l’amène également à participer à une pluralité de conférences, colloques et séminaires, en France et en Europe.