Dès 1899, la chambre de commerce de Paris, consciente du rôle majeur du canal de l’Ourcq, exprime le souhait d’établir à Pantin un bassin avec entrepôt. Mais il faudra attendre trente ans, le 10 mai 1929, pour que la mise en eau du bassin ait lieu. Ces aménagements sont réalisés dans le cadre d’un ambitieux projet de prolongement et d’élargissement du canal, transformé en voie navigable pour les grands chalands. Un port est creusé à sec et, à l’emplacement de l’ancien canal remblayé, sont édifiés deux magasins sur les terre-pleins agrandis.
Les bâtiments, en ciment armé, sont construits par l’ingénieur Chouard conformément aux dessins dressés par l’inspecteur général des Ponts et Chaussées Suquet. Chaque étage, desservi par des coursives extérieures, présente une hauteur différente selon la fonction des plateaux, dont les surcharges admissibles passent de 1 800 kg/m² au premier étage à 400 kg/m² pour le grenier du cinquième étage. La taille des poteaux décroît à mesure que l’on s’élève, comme s’il s’agissait d’exprimer la transmission des efforts et des surcharges dans le squelette de l’édifice. En façade, l’effet produit est singulier à chaque niveau, la section des poteaux s’amenuisant également pour laisser au dernier étage davantage de place aux éléments de remplissage en briques polychromes et aux surfaces vitrées.
Inaugurés le 28 novembre 1931 en présence du ministre du Commerce, les magasins entrent en activité la même année et stockent des produits variés (céréales, denrées coloniales, machines-outils, automobiles, etc.). D’autres installations complètent le dispositif : un hangar à alcool pouvant recevoir dans ses cuves 35 000 hectolitres (hangar utilisé plus tard pour le stockage des fuels) ; des magasins et des hangars sur la rive nord ; un réseau de voies ferrées raccordé à la gare de Noisy-le-Sec pour la rive sud et à la gare de Pantin pour la rive nord ; une gare routière internationale pour les camions, construite en 1950.
Une relation étroite s’établit entre l’ensemble du port et les entrepôts, qui bénéficient d’un équipement mécanisé pour la manutention : grues de quai pour le déchargement ou le rechargement des bateaux, grues électriques sur le toît pour le chargement des wagons et des voitures. Les balcons de façade reçoivent les marchandises sur de vastes plateformes roulantes, côté canal, et, de l’autre côté, sur des plateformes pivotantes.
À l’intérieur du bâtiment, les opérations de manutention sont concentrées à une extrémité d’un des deux magasins avec un ascenseur, un grand monte-charge et quatre toboggans. Un procédé pneumatique permet d’aspirer les grains en vrac en hauteur et de les redistribuer vers les étages inférieurs, où des systèmes de cloisons mobiles organisent la partition au gré des besoins et des logiques d’entreposage. Des grues électriques monorails au rez-de-chaussée et suspendues au premier étage complètent ce dispositif intérieur.
Dans les années 1950, avec la baisse du trafic des céréales, les magasins trouvent de nouveaux débouchés avec le stockage du charbon, du bois de pays, du fuel et, surtout, le stockage du papier de presse, qui atteint 60 000 tonnes par an. En 1958, les magasins occupent en permanence environ quatre-vingt-dix employés et ouvriers (bureaux, manutention, entretien, gardiennage) ainsi qu’une trentaine de dockers, soit au total cent vingt personnes.